Il y aura 2 fois plus d’habitants de plus de 80 ans en 2040 en Auvergne-Rhône-Alpes. Comment faire de cette évolution une opportunité pour les territoires ?
Les intervenants de la table ronde, organisée par l’Union Régionale SOLIHA Auvergne Rhône-Alpes le 6 octobre dernier, ont apporté constats et pistes d’action, avec une focale particulière sur le secteur rural.
La Silver Economie : de quoi parle-t-on ?
L’essor de l’offre d’équipements et services adaptés aux besoins des séniors contribue au développement économique des territoires : c’est ce qu’on appelle la Silver Economie. Les impacts se situent au niveau du secteur de l’habitat, mais aussi de la santé, du tourisme, de la culture, ou encore de l’alimentation a rappelé Martine Guibert, Vice-Présidente à la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Si aujourd’hui de nombreuses initiatives privées et publiques naissent pour favoriser le bien vieillir, il reste cependant beaucoup à faire, a constaté Christine Masson, responsable du relais gérontologique du département de la Haute-Loire.
Le déploiement de l’offre d’équipements et de services pour les séniors fait apparaître deux défis majeurs :
- D’une part, les personnes âgées ne se voient pas comme telles et ne se sentent pas, par conséquent, directement concernées par les services qui leur sont spécifiquement dédiés, a souligné Pierre Mérigaud, directeur d’Autonom’ Lab (Limoges). Réfléchir à la manière de communiquer sur les dispositifs d’accompagnement des séniors parait nécessaire.
- D’autre part, les niveaux de vie des séniors varient énormément d’un territoire à l’autre : prendre en compte les réalités territoriales semble essentiel dans le développement de nouveaux services.
La transition numérique va-t-elle changer la donne ? Oui, mais…
Sans aucun doute, la transition numérique offre des solutions nouvelles. Bénédicte Leuret, Chargée de mission SOLIHA Nouvelle Aquitaine, a donné l’exemple d’une application permettant de mettre en relation rapidement les acteurs intervenant dans l’identification et la réalisation des travaux d’adaptation urgents dans le cas d’une sortie d’hospitalisation.
Néanmoins, les territoires ne sont pas à égalité face à la transition numérique.
Thierry Grimaldi, maire d’une commune rurale et président de la CAPEB Haute-Loire, a rappelé qu’il existe encore des zones grises au sein desquelles l’accès aux réseaux (téléphone, électricité…) n’est pas permanent. Les coupures peuvent d’ailleurs avoir des conséquences directes sur la santé des personnes. Si la transition numérique est un atout certain pouvant faciliter la coordination des interventions et le travail à distance en milieu rural (ex : diagnostic à distance réalisé par un médecin), le numérique ne doit pas remplacer le temps consacré aux séniors par les acteurs de terrain.
Aussi, les intervenants ont souligné l’importance de la sécurité dans les nouveaux systèmes d’information partagés.
Martine Guibert a également noté que les lenteurs administratives, juridiques et réglementaires ralentissent la mise en place de nouvelles solutions numériques et que, « même s’il faut être prudent, il est nécessaire d’accélérer ».
Les territoires se mobilisent, mais de manière très inégale
En Auvergne Rhône-Alpes, près de 3 000 adaptations de logements à la perte d’autonomie ont été financées par l’Anah en 2016, et toutes les demandes ne peuvent être satisfaites. Paradoxalement ce sont les territoires ruraux, disposant de peu de moyens, qui tendent à se mobiliser le plus.
Les collectivités territoriales prennent en main le vieillissement de la population. La Région Auvergne-Rhône-Alpes encourage les territoires à se saisir de cette problématique au travers des contrats territoriaux. Le démarrage des PIG Autonomie montre la volonté des départements d’agir pour le maintien à domicile.
Les conditions de réussite : la mise en place de politiques ambitieuses et partagées en faveur du bien vieillir
L’un des enjeux majeurs du vieillissement de la population reste de permettre aux séniors d’être autonomes plus longtemps. Pour ce faire, il est nécessaire que les territoires prennent conscience de l’utilité de :
- Mettre en place une politique de prévention ;
- Mettre en place une politique d’accessibilité et d’adaptation pour faciliter la vie quotidienne des personnes âgées.
- Rechercher des solutions innovantes pour répondre efficacement aux besoins des séniors.
Les participants :
Martine Guibert, Vice-Présidente, Région Auvergne-Rhône-Alpes, 2e Adjointe au Maire de Saint-Flour Chargée de la Cohésion Sociale, du Handicap et de l'Insertion
Christine Masson, Coordinatrice du relais gérontologique départemental de la Haute-Loire, coordinatrice du dispositif MAIA en Haute-Loire.
Thierry Grimaldi, Président de La CAPEB Haute Loire, Elu du JAx, Vice-Président de la Communauté de Communes Rives du Haut Allier.
Pierre Mérigaud, Directeur d’Autonom Lab, à Limoges.
Bénédicte Leuret, chargée de mission Union Régionale SOLIHA Nouvelle Aquitaine
La table ronde s'est déroulée au moulin de Barette à Blavozy le 6 octobre 2017 à 14h.
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